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Les Iles Caïmans,

Calme, luxe et beauté

                                                                                            

 

  Par Rached Trimèche

www.cigv.com

 

 

Georgetown. (1996).Les Iles Caïmans résonnaient dans ma tête, depuis toujours, comme étant un simple refuge de gens très riches qui venaient placer leur jeune fortune pour un blanchiment assuré. Dans mon cerveau de voyageur, ce vieux cliché ancré ne reflète nullement l’expression du visage de ces quelque cinquante  personnes assises sagement sur les banquettes de la salle d’attente de l’aéroport de Kingston en Jamaïque,  en partance pour Georgetown, capitale des Iles Caïmans.

 

            Un léger parfum discret et persistant flotte à l’intérieur de notre superbe DC 10 aux couleurs anglaises. Nous sommes bien en territoire antillais, mais en direction d’une terre purement anglaise dite “British Colony”.

L’arrivée me rappelle celle de Montserrat, une autre colonie anglaise à quelques encablures de notre île. Le visa d’entrée nous fut certes préalablement délivré par l’Ambassade de Grande- Bretagne, et des officiers en gants blancs de Sa Très Gracieuse Majesté la Reine nous reçoivent avec courtoisie, et réduisent les formalités d’entrée à un simple “Welcome”.

 

            Le vaste parc de l’aéroport est déjà un dépaysement. Un véritable Eden où les palmiers altiers se disputent la course des cieux avec de longilignes cocotiers. Ça et là, des gousses géantes ou akènes, curieux fruits secs de plus de 70 cm de long jonchent le sol, pareils à des machettes de savane. La pelouse taillée de près est suavement caressée par le bruit du silence et par le doux murmure des oiseaux survolant des lauriers en fête et des flamboyants en feu. Dans ce pays de 30 000 habitants à peine, le temps a depuis longtemps suspendu son vol.

 

            Le réveil matinal au “Holiday Inn”, un simple trois étoiles, est un voyage dans le temps. Une petite pluie fine et chaude éloigne de la plage les touristes matinaux. L’orage est passager, mais le ciel reste couvert. Voilà une occasion pour délaisser la plage en faveur d’une longue marche.

Au hasard des rencontres, me voici chaleureusement accompagné à travers un paradis matinal avec, en prime, une leçon de phonétique anglaise m’apprenant que les Iles Caïmans sont appelées “Grand Cayman”, à prononcer “Grande Kéyman” ou encore [grãd kejmã]. Je comprends maintenant toutes les difficultés que j’ai eues dans les étapes précédentes pour expliquer que je voulais me rendre aux Iles Caïmans dont je ne savais pas prononcer correctement le nom.

 

            C’est au “Britania Golf Course”, vide et désert, que je m’aventure sur des pistes sinueuses bordées  de collines, de lacs et de gazon vif et bien tondu, passant entre neuf et dix huit trous de golf. Une pluie chaude et très fine, bienfaitrice à souhait, donne à cette longue promenade encore plus de charme et de volupté.

 

CASCADES ET JACUZZI

 

            L’entrée de ce nouvel hôtel est pourtant sobre. A peine le hall d’entrée du Hyatt Regency traversé que nous voici parachutés sur le mont Ararat dans une arche de Noé. Imaginez une superbe piscine toute de faïence verte vêtue et couverte par un toit de verre envahi par des dizaines de lierres gourmands. Du fond de ce jardin jaillit une mélodieuse musique d’eau. D’une grotte de pierres rousses déferle une cascade qui ronronne et qui gazouille attirant plusieurs oiseaux insolites au plumage rouge et noir. Au pied de la cascade, un jacuzzi royal berce par ses vagues ondulées deux sveltes et charmantes jeunes Américaines aux yeux fermés. Il n’est que huit heures du matin. Peu à peu, autour de la piscine entourée d’une flore exotique allant du bougainvillier au palmier, des tables d’osier et de verre fumé se remplissent d’une foule joyeuse et pourtant muette. Les matelas de transats sont de couleur bois de rose donnant à ce jardin japonais une dernière touche de raffinement sans pareil. Le chic.

Mais que lisent donc tous ces touristes matinaux avec autant d’attention? C’est le précieux “Fax-News” résumant le “Washington Post” et le “New York Times” en une seule page et qui permettra à ces hommes d’affaires logeant dans un palace à 800 US $ la nuit, de garder une mémoire attentive à leurs affaires américaines.

Commence alors un défilé de senteurs et de couleurs, oranges, pamplemousses, avocats, mangues, ananas, croissants et  corn-flakes. Le tout est arrosé d’un superbe café précédé lui-même de suaves jus de fruits locaux.

 

PARTIR C’EST VIVRE UN PEU

 

            Je repense à mon télé journal de cinq heures du matin sur CNN qui évoquait le départ de François Mitterrand et le commentaire de l’Evêque Lustiger à Paris: “Mais où est le chemin de la maison de Dieu après notre mort?” La réponse est brève: “Je suis ce chemin, la vie et l’amour.”

Partir, c’est vivre un peu. Un des gros atouts du voyage c’est cette faculté innée qui nous déconnecte de la routine quotidienne et qui permet enfin de pouvoir penser à la vie, à sa philosophie, et peut-être à de nombreuses autres questions. La vie, la mort, l’amour, tout cela s’embrouille sur mon  petit transat bois de rose. Le sens de la vie. La fuite en avant.  La raison d’être. Autant de questions sans réponses. Un 136ème pays visité (dont 52 en auto-stop) ! Quelle joie et quelle richesse certes, mais à quel prix? Un millier d’avions déjà et que d’heures d’attente dans les gares et les aéroports du monde. Des milliers de joies et autant de récompenses. Mais la Vie, cette P... respectueuse, est le seul Maître que nous ayons. Qu’elle nous happe et qu’elle nous enterre, cela est accepté sans complaisance aucune, mais qu’elle nous arrache, qu’elle nous vole, qu’elle nous prive définitivement de ce que nous avons de plus cher reste et restera un fait non tolérable. Demeure la fuite en avant. Il n’y a de vie qu’une vie et autant en faire un puits d’amour et de bonheur que l’on peut partager avec l’Autre.

En pensant à mon père qui est en moi, qui ne me quitte point et en qui je suis et pour qui je continue de vivre, malgré son départ, je ne peux retenir mes sanglots matinaux à peine  voilés par la cascade de la piscine de cet hôtel des  îles Caïmans.

 

            Voulant me rafraîchir, je recherche la salle d’eau et je suis étonné par la présence de ces trois machines à sous jaunes mises au service de la clientèle. La première vous offre pour un seul dollar un sachet de “Maalox” afin de combattre vos embarras gastriques. La seconde, pour un autre dollar, vous kidnappera sous les effluves d’un “Drakkar”, et la troisième, pour un autre dollar, vous gardera tout à fait “safe” avec un “Condom” pour vos éventuelles soirées galantes.

A la sortie de l’hôtel, le parc automobile de ce joyau hôtelier est à la hauteur de sa clientèle. Deux Porsche rouges encadrent une Jaguar gris métallisé jouxtant une noire BMW 850 i, une longue Buick américaine et une coquette Toyota japonaise.

Poursuivons notre périple antillais avec un célèbre Grand Voyageur. Christophe Colomb, Voyageur émérite et Cigéviste posthume, découvrit les Iles Caïmans en 1503 et tomba fou amoureux des plages et de la grâce de ces îles enchanteresses. En ce 10 mai 1503, il note dans son livre de bord : “Nous sommes face à trois îlots pleins de tortues. La mer est si calme qu’on les prendrait pour des pierres”.

 

C’est peut-être à cela que l’on doit le premier nom de l’archipel microscopique, “Las Tortugas” qui évolua en “Lagarotos” puis en “Caymanas”, mot qui en langue caraïbe signifie crocodile, le deuxième animal fidèle à ces îles. Mais ces prétendus crocodiles sont souvent  de gros iguanes et rarement des caïmans sur cette île des West Indies (WI) ou l’Inde de l’Ouest d’après Christophe Colomb qui croyait débarquer en Inde en quittant l’Europe.

 

HISTOIRE

 

En 1655, Olivier Cromwell’s envahit la Jamaïque et prend aux Anglais les Iles Caïmans.

En 1670, l’Espagne cède la Jamaïque et les Iles Caïmans à la Grande-Bretagne. La Jamaïque s’envolera de ses propres ailes, deviendra indépendante et gardera les Iles Caïmans sous sa coupe de 1959 à 1962, au sein d’une Fédération des Indes Occidentales (West Indies). Curieusement et exceptionnellement dans l’histoire du monde, les aborigènes ou autochtones des Caïmans demandent à la Grande-Bretagne de les reprendre sous sa coupe sous forme d’une simple colonie anglaise tout comme Hong Kong, Gibraltar, Falkland et Montserrat. La Constitution du 26 juin 1972 abroge les faits et dote cette colonie d’un Gouverneur et d’une Assemblée législative composée de trois membres officiels et de quinze membres élus. Le speaker bien british est une dame, et le Conseil Exécutif restreint formé de trois officiels et de quatre élus est présidé par le Gouverneur, représentant de Sa Très Gracieuse Majesté la Reine.

Quinze ministres locaux auprès des trois Membres officiels sont élus tous les quatre ans pour veiller à l’application des lois .

En septembre 1994, le leader politique James Manoah Bodden, connu sous le surnom de  “Mr. Jim”, est nommé Premier héros national des Iles Caïmans. Cet ancien Ministre et Gouverneur est le père de l’aéroport et de la Compagnie Nationale d’Aviation “Cayman Airways”. Le sculpteur de Miami, Tony Lopez, immortalise le héros par une imposante statue au centre de Georgetown.

Le curieux drapeau de ce pays résume tout cet amalgame. De couleur bleue avec au coin supérieur gauche un drapeau anglais et au coin inférieur droit trois figurines représentant une tortue, un ananas et trois étoiles pour les trois îlots avec, en filigrane, une curieuse devise: “He hath founded it upon the seas ” ou “Il les a fondées au-dessus des mers”.

 

GÉOGRAPHIE

 

            L’archipel des Caïmans d’une superficie totale de 260 km2 est composé d’une île de 197 km2 et de deux îlots, Petit-Cayman et Cayman-Brac, encore épargnés des banques et des milliers de voitures, contrairement à l’île de Grand-Cayman qui abrite Georgetown, la capitale du pays. Cet archipel, appelé autrefois Iles de la Tortue et situé à 640 km au sud de Miami et à 300 km à l’ouest de la Jamaïque, vivait jusqu’aux années 70 au rythme de ses tortues et de ses alizés sur des îles plates avec 50% de la population concentrée dans la capitale. Sans agriculture aucune sur une terre ravagée par les ouragans (Gilbert précéda Luis), avec très peu d’industrie et une pêche très moyenne, les Caïmans affichent pourtant un PNB (Produit National Brut) de 24 000 US $ par tête et par an, soit autant que les Bermudes, les Etats-Unis ou même Monaco.

L’explication est fort simple: si ce PNB classe l’archipel 10ème sur 236 pays avec un niveau de vie comparable à celui des USA, c’est que les opérations financières et le tourisme représentent une manne d’or.  Sans jeu de mots aucun.

Ici, le secret bancaire est absolu est aucun impôt direct n’est prélevé sur les personnes physiques ou morales. Il suffit à deux personnes de n’importe quel pays du monde de venir signer à Georgetown un contrat auprès d’un avocat pour créer une banque privée. Près de 800 banques sont ainsi nées avec des frais de gestion dérisoires sous forme de boites aux lettres argentées. Les fax et les modems de toutes sortes font de ces banques off-shore des sociétés transitant un volume considérable de dollars de toutes les couleurs et de toutes les odeurs. Seules quatre autres places financières pourraient légèrement concurrencer notre archipel: Bermuda, Turks and Caïcos, Channel Islands et éventuellement le Liechtenstein avec ses sociétés off-shore.

 

FINANCES

 

            Dans ce pays où plus de 800 banques off-shore ont pignon sur rue, les licences de banque ne nécessitent que 10 000 $ de frais de création et un simple protocole d’accord entre deux personnes au minimum. La majorité de ces banques ont un P.O.Box chez une “Trust Company” qui les héberge. Seules dix de ces banques ont réellement un siège aux Iles Caïmans. L’une de ces dix, la BCCA, une banque saoudienne, a connu un crash spectaculaire il y a quelques années, mais ceci reste une exception. Que font donc ces banques? Recyclent-elles l’argent de la drogue ou brassent-elles seulement des fortunes colossales de personnes qui fuient les lourdes fiscalités internationales?

Les banques et les assurances créent 50% du PIB du pays. 40% du même PIB proviennent  des recettes touristiques. Le port de Georgetown, la capitale, avec ses magasins off-shore, attire autant de touristes que ces plages mirifiques du pays. Un million de touristes par an visitent ce minuscule pays en dépensant plus de 1000 $ par jour en moyenne. Cela donne une économie équilibrée et autofinancée sans nécessité d’apport monétaire de la mère patrie, la Grande-Bretagne.

Les taxes payées sur l’île sont assez souples. La taxe de propriété n’est payée qu’une seule fois sur un immeuble et s’élève à 7%, à 27% sur les voitures et enfin à 20% sur les importations. Les hôtels perçoivent deux taxes de 10% chacune, l’une est pour l’Etat, et l’autre sera équitablement distribuée aux salariés qui gagnent facilement 1000 $ par mois.                                            

 

            Ce matin, après un bon petit déjeuner anglais, nous partons à pied vers une autre partie de l’île. Cinq kilomètres de marche. Nous arrivons enfin à la “Turtle Farm” où se reproduisent les tortues. La publicité est hélas mensongère, et je repense aussitôt aux nombreuses petites tortues rencontrées au hasard de mes voyages sur les plages de La Guyane Française ou celles de l’Ile de La Réunion. Non, ces deux gros bassins ne forment pas le plus grand centre d’élevage mondial. Je repense avec frisson à cette petite île de Tromlin située entre Madagascar et La Réunion et qui constitue certainement le premier réservoir mondial de tortues, sur un seul kilomètre carré .

 

CROCODILES ET CAIMANS

 

            Ici, les tortues “Chelonia mybas” et les “Thollasia” voisinent avec l’étang d’un “Crocodylus acutus” long de vingt feet, lui-même voisin d’un ancêtre des Iles Caïmans, un iguane de 80 cm de long dit “Cyclura nubila” ou “Caymanensis”. Ce jardin exotique loge même des perroquets bleus, jaunes et verts d’origine amazonienne.

 

            Ce midi, après sept heures de vagabondage, il est temps de faire trempette et de se jeter corps et âme dans ce pseudo lagon turquoise. Une véritable invitation à l’aventure et au voyage. Au large, trois gros navires blancs de quatre étages font partie de ces célèbres “World Cruise” à 1000 US $ la journée, emmenant les insatiables touristes américains à la découverte des mirifiques îles antillaises. La plage est large, très large, le sable fin est blanc et la clientèle est d’un chic et d’un naturel qui vont rarement ensemble.

Soudain, surgissent quatre amazones de noir vêtues, cheveux blonds au vent, palmes aux pieds et bouteilles d’oxygène sur le dos. Nos quatre sportives me lancent  un petit masque à nager, et m’invitent d’un ton moqueur à venir découvrir, sous l’eau, des merveilles inattendues.

Les merveilles sont bien des merveilles et nos amazones avaient raison. Je suis aussitôt pris à la gorge par tant de beauté, d’exotisme et de surprises. C’est la simplicité des choses qui est enivrante. Imaginez un “sea fun”,  ou éventail de mer, d’un mètre de diamètre reflétant par ses cristaux les rayons de soleil et les transformant en dizaines de couleurs chatoyantes, naviguant au gré du remous marin. Des dizaines d’éventails multicolores nous saluent courtoisement ouvrant notre marche marine vers d’autres profondeurs.

Un premier banc de poissons prend la relève de l’escorte. Dieu que c’est beau! Ces poissons de 5 à 30 cm de long sont simplement des peintures vivantes zébrées de plages bleue, jaune, rouge et verte. Ils sont des dizaines, des centaines, ou peut-être des milliers, ils sont partout et nulle part. D’autres, plus sobres, sont carrément divisés en deux couleurs, bleu et jaune, ou gris et vert. En passant devant les “Sea fun”, véritables éventails de sérail, nos poissons des Caraïbes se laissent ainsi caresser par des mains habiles et émouvantes au gré des courants marins. Au bout d’une heure et demie, je lâche mes guides amazones, mes éventails et mes beaux poissons pour regagner, étourdi de tant de beauté inattendue, la plage où je suis vite pris d’assaut par un groupe de vingt-quatre Chiliens qui ont décidé de faire la fête. Passagers d’un de ces luxueux paquebots en rade, nos vingt-trois Chiliens sont les invités du vingt-quatrième, aïeul de la famille, qui fête ses 80 ans avec sa descendance, à Grand Cayman.

Enfin, sous un cocotier face à cette mer émeraude en parfait arc de cercle, je déguste un punch maison au rhum vaillant et découvre soudain une nouvelle curiosité. Ici, les pédalos de mer sont d’une nouvelle génération et font place à un véritable tricycle avec deux roues arrières de 1,50 m de diamètre et une roue avant d’un mètre seulement, et toutes trois sont munies de pales permettant aux cyclistes marins d’avancer en mer sur un bel engin bleu, orange ou rouge.

 

 

LE CORAIL NOIR

 

            Ce soir, l’apéritif nous est offert par notre ami Cigéviste Dominique Baraud dans son beau restaurant français. Le vin blanc de France tranche avec cette allure pub et bien anglaise du bar. Quatre des vingt-trois Français de l’île viennent ce soir humer l’odeur de l’Hexagone et résument au voyageur la vie insulaire comme suit: “Les habitants des Caïmans ont une nature belle et généreuse, une protection anglaise et des finances américaines, et une organisation locale avec un Exécutif de cinq Ministres autour d’un Gouverneur, représentant de la Couronne anglaise. L’actuel problème ce sont les jeunes qui se sentent délestés et qui, comme tout le pays, s’enrhument dès que l’Amérique tousse”.

 

            Dans une boutique voisine vendant des articles de sport, le tenancier quinquagénaire est un homme heureux. John le moustachu, assis sur un rocking-chair bien anglais, porte sur ses épaules deux gros oiseaux noirs “Tching Tching’s” de quinze centimètres de long. Cinq autres oiseaux tout aussi noirs flottent et valsent dans cette micro boutique sans frousse ni peur aucune.

Sur une étagère en verre, un curieux corail noir parle en silence. Fier de son trophée, John se lance dans une savante explication: Si le Queensland d’Australie foisonne en corail blanc* ,  ici nous avons le rare corail noir. Depuis vingt ans, une véritable industrie  de ce corail noir s’est développée sur nos îles. Il ya déjà 25 000 ans l’homme du paléolithique travaillait le corail pour en faire des bijoux. Les Grecs usaient du corail comme un symbole de l’immortalité et se protégeaient ainsi contre le mauvais sort. Mais le corail noir ne se trouve que dans trois endroits de la planète, chez nous aux Caraïbes, au Pacifique Sud et en Mer Morte. Ce corail  noir se cachant à 100 feet de profondeur  a coûté la vie à plus d’un plongeur et reste donc assez rare. Aux Caïmans, une loi de 1978 interdit sa sortie des eaux du Territoire et pousse ainsi nos artisans à ramener le précieux corail noir du Belize et de Honduras, en Amérique Centrale voisine. D’autre part ce corail noir est d’une paresse extrême, il ne pousse que de 3 inches tous les 10 ans. Ce corail noir reste un des plus beaux spectacles sous-marins pour nos plongeurs qui découvrent avec beaucoup de patience et d’extase un véritable arbre de corail au fond de l’océan ressemblant à un dessin d’enfant...

Nous voici en fin de journée, traversant les jardins du Hyat Regency pour déboucher sur un très long canal où des dizaines et des dizaines de luxueux bateaux sont amarrés face à leurs suites royales respectives. Ici, le tourisme reste d’un très haut niveau et il est normal d’amarrer son bateau face à sa chambre d’hôtel où un simple café coûte 3 US $, une bière 4 $ et un tee-shirt souvenir 35 $. Plus loin, c’est une balade sur gazon qui commence en traversant le golf de l’hôtel, avec un soleil couchant. Que d’hectares de verdure, de pureté, de beauté et de liberté.

 

KIWANIS INSULAIRE

 

            En ce dernier jour aux Iles Caïmans, nous sommes invités au dîner du Kiwanis Club de l’île. Cette ambiance kiwanienne me ramène vingt-trois ans en arrière, au Kiwanis d’Auckland au nord de la Nouvelle-Zélande où j’étais pour la première fois invité par ce club qui m’ouvrit plus tard ses portes d’amitié et de fraternité et qui s’installa enfin en 1979 en Tunisie, au profit des Oubliés, des Autres et des Déshérités, accomplissant en 17 ans de travail des œuvres sociales et humanitaires de plus de 3 millions de dollars.

La réunion Kiwanis  a lieu dans un restaurant front de mer où une barrière de corail crée un bassin mirifique, un véritable lagon propice à la plongée. Vingt-deux Kiwaniens dynamiques accueillent leurs hôtes avec joie et les emmènent par la suite chez le Président, à South Sound pour un pousse-café.

Ici, les villas sont perlées de piscines et de vastes pelouses. A l’entrée, cette carte murale des Caraïbes arbore de curieuses épingles en lignées insolites. Nous sommes bien aux Caraïbes et il est prudent d’indiquer sur une carte par de petits aimants colorés le passage de l’ouragan dévastateur.

Pour les mordus de plongée sous-marine et des belles plages, tout comme pour certains milliardaires, cet archipel reste et restera un petit paradis. A visiter.

 

 

Rached Trimèche

PERIPLE AUX CARAIBES

(2/2/1996)

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