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L’ISLANDE

DU BOUT DU MONDE

 

 

 

Par Rached Trimèche

www.cigv.com

 

 

 

 

REYKJAVIK. (Juin 1982). Sur sa « Snekkja » grande barque de Viking, Ingel Vosh débarque en l’an 900 sur la côte islandaise. Le premier colon d’Islande arrive de Norvège avec des esclaves irlandais et de curieux petits pieux de bois sacrés et dorés…

Il jette ses bois dorés au large. Là où dériveront ces bois sacrés pour accoster ensuite sur une rive de l’île d’Islande, sera le lieu que les dieux ont choisi pour habiter l’Islande… ! Ainsi fut créée REYKJAVIK l’actuelle capitale islandaise où arrivèrent les bois dorés. Les esclaves eux durent aller aux îles Wesman (îles de l’homme de l’ouest). Avant l’arrivée d’Ingel Vosh seul le renard peuplait cette immense île de l’Atlantique (deux fois et demie la superficie de la Suisse) du bout du monde…

 

 

 

Notre DC8 d’ICELANDAIR nargue ces glaciers et volcans que nous survolons en continuant à glisser tout au long de la côte sud de l’Islande. Quel paysage de grand nord ! Quel étrange cercle polaire ! Quelle beauté de la nature ! Des neiges, des glaces, des volcans, de la lave, des fumerolles chaudes, et des rivières forment l’insolite paysage offert à nos yeux de voyageurs à travers nos petits hublots d’avion… Une seule pensée me traverse l’esprit : « Pêcheurs d’Islande » ce célèbre ouvrage qu’a lu tout un chacun…

 

Notre pilote qui a encore cinq heures de vol pour arriver à New York, s’arrête à KEFLAVIK pour refaire le plein et laisser descendre les Islandais qui rentrent au pays. A ma surprise une dizaine d’avions gris de l’US ARMY sont sur la piste d’atterrissage de l’aéroport. Plus loin, c’est toute une base américaine que je découvre, avec ses pavillons pour loger les soldats, son restaurant, son hôpital et même ses différents magasins…

En 1941, les USA sont venus faire sortir l’Angleterre qui était en Islande depuis un an déjà. L’armée américaine y séjourne encore aujourd’hui !

 

            Je paye 41 kronas (1 dollar US vaut 11 kronas) le billet de bus qui fera les 50 kilomètres qui séparent Keflavik de Reykjavik la capitale. Quel spectacle que ce trajet ! On se croirait dans un film de science-fiction, où un Lem surgirait sur un sol lunaire ! Sur les 50 kilomètres de trajet il n’y a que des pierres noires de toutes tailles, de la lave noire, des collines sombres et de la cendre grise ! De temps à autre un peu de mousse coriace aura réussi à se fixer sur ces pierres non lunaires mais volcaniques et impressionnantes par leur désolation, couleur et multitude… Y a-t-il donc des êtres vivants dans cette terre d’Islande ? En fin de voyage apparaît enfin la  « BAIE DE LA FUMEE » Reykjavik aux nombreuses sources d’eau chaude et sulfureuse. A l’hôtel SAGA des amis islandais m’attendent pour aller dîner…

 

LE SOLEIL DE MINUIT

 

            Un beau lac bleu tout au fond du champ, une maigre pelouse de partout, quatre petits chevaux ressemblant à des poneys vagabondent dans un clos, un ou deux petits arbustes conifères dans tout le domaine… voilà le paysage qui s’offre à nous, à travers la baie vitrée du salon d’un ami Kiwanien Halldor Juliusson. Dans un coin du salon un buffet froid est dressé. Un menu, non, un festin marin nous attend : Du saumon fumé, mariné ou cuit au four, du hareng avec huit sauces différentes, du caviar rouge, du caviar noir, de la viande de mouton fumée, des crevettes toutes roses, et les belles salades sont les composantes de ce repas de noces… Point de dessert ! C’est comme cela en Islande…

 

            A minuit pile nous sortons en groupe pour aller faire un tour sur les berges du lac voisin et admirer de loin la résidence de la Présidente VIGDIS de la République d’Islande. Une simple parenthèse sur cette Présidente que nous interviewerons plus tard ensemble :

-Une femme sans passé politique. Une femme seule. Une femme simple et naturelle. Une charmante Dame ! Telle est la candidate à la Présidence de la République d’Islande en 1980.

Madame Vigdis FINNBOGADOTTIR ! Dans ce pays où l’évolution de la femme est une réalité sociale et même un exemple, VIGDIS (c’est par son prénom qu’on l’appelle en Islande) a été ainsi élue par voie démocratique, première femme au monde Président de la République !-

 

            Il est minuit. Le soleil est bas, comme s’il allait se lever ou se coucher, mais il est toujours présent. C’est le soleil de minuit, qui est encore plus impressionnant qu’à Kiruna au nord de la Suède…

 

Mais où sommes-nous donc dans ce vaste océan Atlantique dans ce pays du soleil de minuit ? L’Islande ou ISLAND au sud-est du Groenland dans l’Atlantique nord est une grande île ovale de 500 kilomètres de long et 103 000 kilomètres carrés de superficie (les ¾ de la superficie de la Tunisie) avec à peine 220 000 habitants dont la moitié peuple REYKJAVIK la capitale.

 

Ce petit pays a une riche histoire. Après la colonisation au IXème siècle par les Norvégiens, les Irlandais et les Danois, la « TERRE DE GLACE » devient en 1380 une colonie danoise. En 1551, 98 % des habitants de l’île sont déjà convertis au culte protestant-luthérien. En 1918, la couronne danoise donne à l’Islande une autonomie. Ce n’est enfin qu’en 1944, alors que l’Allemagne occupait le Danemark, que fut proclamée la République Indépendante d’Islande par Sveinn Bjornsson !

 

REYKJAVIK L’INSOLITE

 

                                      

            Vouloir dormir avec le soleil de minuit est une utopie ! Il est 10 heures du matin, je quitte mon hôtel Saga pour aller à la découverte de la ville, après quelques petites heures de sommeil forcé à rideaux rouges et épais tirés…

 

            A première vue Reykjavik me rappelle Wellington la capitale de la Nouvelle-Zélande, ou une des baies du sud de Sydney en Australie. De petites rues étroites avec des magasins de laine (de la belle laine islandaise), des vitrines de mode, des magasins de poisson (du hareng séché aux grosses boîtes de caviar de 500 grammes) et des agences de voyages qui vous offrent les quatre coins de l’Islande en avion, et des petits restaurants forment le centre commercial de la capitale, en allant de la rue Hafnarstaeti à la Skolavordustig.

 

            Les toits en majorité rouges ou verts. C’est que pendant l’hiver qui dure 10 mois par an, avec presque pas de soleil, du vent qui souffle fort, de la pluie qui tombe, de la neige de partout et un froid de canard malgré le Gulf Stream (Les eaux chaudes du Gulf Stream sont en relief par rapport aux eaux plus froides, en particulier celles du courant du Labrador )qui passe au large de l’île, ces couleurs rouges et vertes des toits de maisons donnent un peu de gaieté au paysage hivernal qui est blanc trop blanc ! Ce qui m’étonne encore plus, c’est souvent la forme de ces mêmes toits en briques rouges (ou en tôle ondulée) qui se terminent au bas du V renversé par une jupe, qui monte légèrement à l’instar des toits de pagodes de Louang prabang ou de Bangkok…

 

            A la terrasse d’un café de la rue Laugevegi, Borg Johnsson jeune professeur en droit à l’Université de Reykjavik me parle de son curieux pays, en buvant une bière avec 1,5 % d’alcool seulement :

« Oui, c’est exact tous les noms d’hommes islandais se terminent par SON ! Notre pays n’étant pas grand et différent des autres (nous en sommes fiers…) appelle les nouveau-nés de la façon suivante : Prenons mon cas, je suis Borg Johnson, John est le prénom de mon père, je suis le fils de John, donc je deviens Johnson (Ben John), et Johnson est mon nom de famille. Mon fils Pall de prénom s’appelle Pall fils de Borg ou Pall Borgson ! Quant à ma sœur Helga, elle est la fille de mon père John et s’appelle Helga Johnsdottir, elle est la fille « DOTTIR » de John ! Certaines confusions peuvent naître, dans une famille où le père et le fils portent des noms de famille différents, ou dans certaines homonymies, mais l’état civil vient toujours tout arranger… Enfin quand une femme islandaise se marie, elle ne prend pas le nom de famille de son mari, ma sœur Helga Johnsdottir épouse de Peter. Halldorson sera toujours madame Helga Johnsdottir à la rigueur épouse de Halldorson… »

 

            « Effectivement cette bière-ci est très faible en alcool, c’est un simple rafraîchissant. La vente de la vraie bière est interdite en Islande pour éviter aux jeunes de trouver facilement de l’alcool. Mais en vérité depuis la loi américaine aux USA d’interdire la vente de l’alcool, l’Islande a levé l’interdiction du vin spiritueux mais pas encore de la bière ! Oui certains jeunes boivent leur coca avec un peu de vodka… L’Islandais est un grand buveur d’alcool et a le vin gai ! C’est un bon vivant, un heureux et un artiste ! »

 

            Notre économie n’est pas très solide. La pêche est notre principale industrie. Grâce au voisinage du courant gulf-stream qui nous procure un climat tempéré au cercle polaire, nos barques de pêche sont prospères en mérou, baleine, hareng… et en truite et saumon, ce curieux poisson qui fréquente jeune les rivières et adulte la haute mer. Nos deux millions de moutons et quelques micro-industries sont nos seules autres ressources de revenu. Hélas notre inflation annuelle est autour de 40 % et en contrepartie notre chômage n’est que de 0,4 % (contre 13 % en Grande-Bretagne). Le chômage est la hantise du gouvernement qui a peur de voir les chômeurs islandais fuir le pays pour aller chercher du travail ailleurs et dépeupler ainsi petit à petit le pays… Ici, la vie est très chère. Le simple café coûte 10 kronas (11 kronas pour un dollar US). Une pizza dans un petit restaurant coûte 100 kr. et une belle villa n’est pas loin des 4 millions de kronas. Il est vrai aussi que le liftier gagne 4 000 kr. et que l’instituteur en gagne le double » !

 

REYKJAVIK  BY NIGHT

 

            C’est de nouveau mon ami Halldor qui vient me chercher ce soir à l’Hôtel Saga, où la plus modeste chambre d’hôtel coûte 45 dollars la nuit, sans petit déjeuner ! Il est minuit passé. C’est l’heure de penser à sortir pour les Islandais ! Le soleil de minuit étant à son apogée le 21 juin seuls les mois de juin et de juillet ont des journées avec 24 heures de soleil.

 

            Puis vient l’hiver où il fait nuit complète pendant deux mois et les huit autres mois sont des mois d’hiver rigoureux et très sombres, avec de fortes intempéries. Il est donc tout naturel de voir actuellement les islandais commencer par exemple le week-end le vendredi pour ne dormir que le lundi suivant… On volera quelques heures de sommeil à 9 heures ou à 17 heures si l’on est exténué…Qu’importe le sommeil !

            A une heure du matin nous voici tout un groupe d’amis assis à une bonne table du dancing-restaurant Glaesibae propriété de l’ami Halldor. Je ne vous raconterai que deux anecdotes originales et extraordinaires de cette soirée islandaise, choses que je n’ai jamais vues dans les 64 autres pays… déjà visités. De simple détails qui en disent long : Cravaté et pomponné dans sa chaise roulante, il arrive à tourner, à valser, à suivre sa cavalière, à hausser la roue d’avant de sa chaise, à danser ! Ici, l’invalide loin d’être repoussé par la société qui le loge par charité dans un pavillon de mutilés… trouve des hommes valides non mutilés qui l’acceptent dans un dancing, sans choquer personne, et une fille pour le faire danser sans aucune gêne ni honte ! C’est le civisme, la civilisation ou l’évolution de la société ! Bravo !

 

            Le deuxième fait curieux de ce soir est la conduite insolite des femmes. Je suis d’abord surpris de voir de jeunes filles de 17 ans et des femmes de 60 ans danser avec le même enthousiasme et la même joie, sur la même piste de danse… Les vieux sexagénaires trouvent facilement des partenaires avec une pointe d’humour et de la décontraction. C’est mon voisin de gauche qui fut pour moi la grande surprise. Pendant toute la soirée les jeunes dames du Glaesibae, en tout bien tout honneur, n’ont cessé de venir l’inviter à danser… Ici, c’est souvent la femme qui invite l’homme qui lui plait, à danser ! C’est un autre monde ! C’est le monde des pêcheurs d’Islande, où la femme du mari-marin-absent a dû tout faire elle-même et se conduire des mois durant en homme averti…

 

            Aujourd’hui, l’Islandaise à la beauté suédoise ou danoise fume son cigare ou cigarette dans le rue, boit au bar ses whiskies, invite un homme à danser, garde son plus charmant sourire féminin et peut même devenir un jour Président de la République. Nous y reviendrons !           

 

REYKJAVIK

 

            Ce matin, qui n’est matin que par l’heure de la montre (le soleil n’a pas eu de coucher) je pars avec quelques amis à la découverte des curiosités géologiques et géographiques de l’Islande. Un petit voyage de 400 kilomètres nous attend ! Contrairement au trajet Keflavik-Reykjavik de l’arrivée, dans une vallée de lave volcanique noire, notre nouveau chemin est vert ! En marchant sur cette « verdure » on a l’impression de glisser légèrement dans un sable mouvant… Les pierres noires et les cendres volcaniques d’ici ont fini par laisser, après de longues décades ou décennies, une épaisse et fragile mousse pousse sur eux ! Cette mousse est le premier support à une future plantation. L’Islande en est conscient et protège très attentivement la nature du pays.

 

            A telle enseigne qu’une fois lors de cette randonnée, un ami a jeté par mégarde un bout de papier, notre guide Alla insista pour arrêter notre véhicule et retourner chercher le papier POLUANT. Après la traversée de ce champ de mousse nous arrivons au bord d’un cratère de volcan. Un énorme cratère plein d’eau claire ! Celui-ci n’explose plus nous précise Alla le guide, par contre celui que l’on aperçoit au fond de la vallée a explosé l’an dernier et a détruit tout un petit village.

 

ETRANGE ISLANDE

 

            C’est que l’Islande est une bien étrange terre. Seul 1 % des terres islandaises est cultivé. 12 % de la surface du pays sont recouverts de glaciers. Le VATNAJOKULL avec ses 8400 kilomètres carrés est le troisième plus grand glacier du monde, après le glacier du Groenland (KULUSUK n’est qu’à une heure et demi d’avion bimoteur d’ici), et enfin après un glacier de l’Antarctique ! 11 % de champs de lave, 2 % de lacs et 50 % de zones désertiques font de ce pays un des pays les moins dense du monde et le moins peuplé. L’Islande ainsi n’a que 2 habitants au kilomètre carré, contre 11 habitants au kilomètre carré en Norvège, le pays d’Europe le moins peuplé…

 

            Un déjeuner sous une serre nous attend ! Pourquoi une serre ? C’est que faute de terre arable et fertile, l’Islandais doit cultiver ses agrumes, fruits et certaines fleurs sous serres, pour ne pas devoir importer. Cette immense serre juxtapose le restaurant Hveragerdi en forme de serre, où nous attend un festival de saumon.

 

            A la prochaine escale à GULLFOSS je retrouve avec joie les chutes argento-brésilienne d’Igazu, mais en beaucoup plus petit ! Des milliers de mètres cubes d’eau froide et rapide descendent des glaciers voisins, pour former en ce lieu une chute de 50 mètres de hauteur, surplombée d’un bel arc-en-ciel, éclaboussé par des millions de gouttes d’eau dansantes…

 

LES GEISERS D’ISLANDE

 

            Il serait plus exact de parler au singulier du GEYSIR (celui qui jaillit) et non des Geisers !…Geysir est le nom propre de ce lieu-ci d’où jaillit de l’eau chaude par intermittence à 80 mètres de haut !  Un véritable phénomène volcanique ! Ce nom de Geiser a été galvaudé à travers le monde (tout comme le nom du préfet Poubelle) pour appeler Geiser tout phénomène semblable au Japon ou au Groenland ! L’avenir et l’évolution des mots…Devant notre déception de ne pas voir jaillir le Geysir, notre guide nous console en nous invitant vers un deuxième Geiser à 400 mètres d’ici. Ce petit Geiser le STROKKUR ne jaillit lui qu’à 30 mètres de hauteur, un peu comme le jet d’eau du lac de Genève par temps de vent. Nous voilà tous attroupés, appareils photos réglés au 1/500e, pour capter le jet de Geiser ! J’étais en train de discuter avec un ami…un FRRR grandiose et subit…c’est déjà trop tard, je me retourne dans la direction du Geiser pour ne rien voir 3 secondes plus tard, ou trois secondes trop tard ! Voilà qu’au niveau du cratère du Geiser à même le sol, d’un diamètre de deux mètres et plein d’eau, qu’une grosse « bulle » d’eau commence à se former, poussée par magie par une force venant du centre de la terre ! Cette bulle grandit, grandit pour se transformer à la 3ème ou 5ème seconde en un jet d’eau puissant de 30 mètres de haut, qui tombe loin, poussé par le vent. Ce phénomène volcanique est en réalité fort simple :

 

LA DERIVE DES CONTINENTS

 

            La plaque du continent américain flotte et s’éloigne de la plaque qui supporte le continent européen. C’est la dérive des continents. Cette dérive provoque une traction, une RIDE METEO-ATLANTIQUE qui passe par l’Islande ! C’est enfin cette ride qui provoque en Islande des FISSURES de l’écorce terrestre, qui fait éclater toutes sortes de volcans et qui fait jaillir des fumerolles et des geisers. Pour revenir à notre petit geiser qui vient d’exploser ou de jaillir, il s’est passé le phénomène suivant :

Le noyau interne de la terre est en principe à 6370 kilomètres de profondeur. Cette ride météo-atlantique passant par l’Islande fait que le magma du noyau de la terre est ici par endroits à 70 kilomètres seulement et à peine de profondeur ! Dans un de ces endroits où il y a eu fissure, où tout est en ébullition sous le sol, l’eau se transforme en partie en vapeur. A 20 ou 30 mètres sous le niveau du sol, dans un bassin, la vapeur d’eau est prise avec l’eau et veut s’échapper…Par une cheminée de 20 ou 30 mètres de hauteur qui débouche au cratère ou bouche de geiser, cette vapeur trouve le chemin de sortie, soulève la « bulle » d’eau qui la gène et jaillit ! Une fois la bulle dehors, la vapeur monte alors très haut en un jet d’eau rapide et avec des émanations d’hydrogène sulfureux…Tout ceci, toute cette réaction en chaîne ne dure que quelques secondes ! Et le geiser rejaillit...

 

TERRE D’ISLANDE

 

            En reprenant la route au paysage très peu vert, je demande à notre guide la raison de la non plantation d’arbres en bord de routes ?

« Non, on ne peut malheureusement rien planter sur ces terrains de lave volcanique. Notre cheptel de 2 millions de moutons (pour 220 000 habitants) islandais à la longue et épaisse toison en est la principale raison ! Les fermiers marquent leurs moutons à l’oreille de différents signes particuliers et les lâchent à travers le pays. En automne avec des chiens et des chevaux les fermiers regroupent leur bétail…Ces 2 millions de moutons en liberté mangeraient toute plantation ! L’Islandais qui mange 41 kilogrammes de viande de mouton (cuite ou fumée) par tête et par an, fait d’abord passer son mouton avant la plantation d’arbres, bien que c’est le poisson qui reste le plat de tous les jours ! L’instabilité légendaire de notre climat est la deuxième raison de la non plantation…un vent furieux et subit arracherait les jeunes arbustes. Il faudrait commencer par créer des brise-vents ! Avant, à l’arrivée des premiers colons l’Islande était un pays vert, mais les colons qui avaient froid ont saccagé 99 % de la forêt du pays pour se réchauffer (pour construire ils importaient déjà du bois de Norvège). Avec le vent d’Islande la forêt n’a plus jamais repoussé ».

 

            Une petite halte pour voir une FUMEROLLE véritable source d’eau chaude à proximité des glaciers. Ces eaux chaudes sont canalisées en partie sur les réservoirs des villes et villages, pour être desservies aux maisons individuelles, et faire ainsi une substantielle économie d’énergie !

 

            Un cheval brun de petite taille passe en courant devant nous avec une grâce olympique. Il est vrai que le petit cheval islandais connaît cinq allures possibles ou cinq pas de marche. Une exception dit-on !

 

LES SAGAS D’ISLANDE

 

En l’an 1789 peut être même en juillet, un très fort tremblement de terre a effondré cette vallée du parlement, où nous sommes arrivés, à 144 mètres au dessous du niveau du sol !

 

Aux deux extrémités de cette immense vallée s’élèvent des murs noirs ou FAILLES. La faille gauche est sur la plaque qui porte le continent européen. Avec joie et amusement nous passons la frontière des continents sans visa aucun… ! De chaque côté des failles au sein de la vallée affaissée coulent un ruisseau dans une profonde FISSURE ! L’eau de cette fissure est de 3 degrés pendant les douze mois de l’année, après avoir été filtrée en amont par la lave volcanique ! L’heure de la nuit approche avec un beau soleil à l’horizon, il faut penser au retour à Reykjavik, après cette dernière halte à la vallée effondrée à Thingvelliv, où existait en l’an 1 000 le premier parlement islandais le PING (assemblée) VALLATAN (chambre). Un drapeau islandais flotte solitaire dans cette vallée du bout du monde. Une croix rouge (couleur des volcans) bordée de blanc (les glaciers) dans un espace bleu (les montagnes), tel est le drapeau d’Islande !

 

Je suis là songeur, penché sur cette fissure à l’eau à 3 degrés et à 5 mètres de profondeur et contemple les pièces de monnaies nettement visibles que les touristes superstitieux ont jetées lors de leurs passages ici. C’est un peu la fontaine de Trévi à Rome ! Pour nous remettre à l’heure de l’Assemblée populaire de la vallée affaissée, notre guide érudite nous raconte qu’aux environs de cette fissure on jetait la femme adultère vivante dans un trou profond plein d’eau. Quant à l’homme adultère s’il est reconnu coupable, avec des preuves, on faisait encore plus vite, on lui coupait la tête dans cette vallée…

 

A 14 HEURES D’AVION DE TUNIS

 

Incroyable et lointaine terre d’Islande aux mille facettes différentes et insolites ! Déjà du 9ème au 11ème siècle des auteurs anonymes ont écrit de longs récits littéraires ou légendes de 400 pages chacune, les SAGAS. Le langage de ces Sagas est celui du Viking conquérant et celui de l’Islandais de 1982 ! L’Islandais langage celte est d’origine scandinave et germanique, il permet de lire aujourd’hui comme dans un journal les antiques Sagas…qui parlent de la vie de l’Islandais dans cette terre étrange et lointaine du bout du monde !

 

Adieu terre d’Islande, terre d’amitié, de paix, de fraternité, de contraste où le feu et la glace se côtoient, terre de cataclysmes naturels, terre de fierté et d’accueil. Adieu !

 

 

Rached Trimèche

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