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INDE MILLENAIRE

Agra, Jaipur et tant de rêves

 

Par Rached Trimèche

 

 

New Delhi. (Mars 1983).Une vache sacrée qui traverse un boulevard et vient vous rejoindre dans une terrasse de café…en ayant l’air de bien vouloir goûter à votre café. Un Gange qui reste toujours sacré, avec une eau bénite qui lave les péchés, le linge de la famille, la robe des buffles et le corps des Hindous. Un Gange enfin qui désaltère plus d’une soif et qui ferait bondir un biologiste occidental à l’estomac…aseptisé !

 

 

Un pays sub-continental où vivent prés de 725 millions d’Indiens dans une grande pauvreté certes, mais dans une certaine aura, aura des us et des coutumes religieux ancestraux, dans un profond respect des maîtres…le maître politique, le maître Dieu, le maître divinité, le maître mythique appelé destinée. Une Inde où la mort de l’Hindou est un début de vie, qui part aussi rapidement que les cendres de son corps après une rituelle crémation…l’Inde mystérieuse, grande et grandiose, que nous allons effleurer de notre plume, sans oser découvrir cette sainte couverture mythologique, mais en essayant de voir très rapidement cette Inde 1983 qui vit…

Vingt et une fois plus vaste que la Tunisie et 100 fois plus peuplée, l’Inde avec ses 725 millions d’habitants est le deuxième pays le plus peuplé de notre planète, après la Chine et son milliard d’habitants. L’Inde, cette région d’Asie méridionale, est un vaste triangle bordé au Nord par les montagnes de l’Himalaya, rattachée à l’Est à la péninsule indochinoise et bercée enfin, à l’Ouest, par la mer d’Oman, à l’Est par le Golfe du Bengale et au Sud par l’Océan Indien.

 

Delhi, avec sa nouvelle ville, devint rapidement New Delhi (le nouveau cœur de l’Inde), capitale d’une gigantesque fédération de 22 Etats et de 9 territoires qui, en cours de route et d’histoire, s’est détachée de deux grands pays, le Pakistan musulman en 1974, qui perdit en 1971 sa partie orientale, la République musulmane du Bangladesh avec ses 90 millions d’habitants. Ce dernier pays est le deuxième pays musulman du monde, après l’Indonésie et avant l’Inde et ses 75 millions des fidèles musulmans…

 

A l’heure de la 7ième conférence des pays non-alignés et juste après les jeux asiatiques, New Delhi, la capitale, est parée de sa plus belle robe pour accueillir ses honorables hôtes de 101 pays différents.

 

A TRAVERS LES BOULEVARDS DE DELHI

 

Quittant le Maurya-Sheraton (du nom du dernier Empereur hindou, avant l’arrivée des musulmans) je vais à la découverte de New Delhi en mini taxi ou scooter aménagé en petite cabine sur trois roues rapides et folles, aux mains d’un Indien filiforme et champion des 24 heures du Mans…Il ne faut pas avoir le cœur fragile dans ces scooters qui roulent à gauche (ex-colonie anglaise! ). Les lignes jaunes continues, c’est bon pour le dessin de la route. Mais surtout pas pour les conducteurs. Je pense toujours à ce premier soir où le chauffeur de notre voiture « Ambassador », doublait à droite un camion, quand voilà une vache sacrée qui arrive au beau milieu de l’avenue. Notre conducteur serre encore à droite, sur l’autre sens de la chaussée. Mais une voiture venait dans ce sens…et alors, il faut encore serrer à droite…et nous voici roulant à contre-courant, à l’opposé même de la chaussée adéquate sans que le conducteur ne soit nullement dérangé ou surpris !

 

Le centre de Delhi « Connaught  Place» est d’une architecture très pratique. Le centre est un très beau parc vert (comme de partout ici). Au tour de ce premier cercle de 600 mètres de diamètre s’étalent les premiers magasins, les « Amporiums » ou magasins d’Etat de chacun des 22 Etats du pays à prix homologués, les compagnies d’aviation, et d’autres belles devantures. Nous sommes dans les blocs allant de A à F. En entrant dans ce cercle par un de ses rayons extérieurs on tombe sur un autre cercle plus large, avec de nouveau, une série de magasins dans des blocs allant de G à N. Enfin, le troisième cercle périphérique, le Connaught Circus, lui, sort de cet enfer de cercles indiens et de magasins en dédales symétriques et divers dans une énorme spirale. Au premier magasin (conjoint oblige !) c’est un sari qu’il faut acheter. C’est une chose très difficile que de choisir un sari, ce fin voile de soie si bien porté par les indiennes. Il y a hélas des dizaines de couleurs et de motifs tous plus beaux les uns que les autres…la décision est difficile. C’est sur le bleu fleuri à l’indienne que mon coupon de 6 mètres est choisi. De 300 à 700 roupies (une roupie vaut 60 millimes) on trouve de très jolis saris en pure soie.

 

Dans un autre magasin, c’est un étalage de bois de santal, en statuettes diverses et divines, des lampes et vases en cuivre peint, des plateaux de marbre incrustés de pierres précieuses, des tapis de soie aux reflets chatoyants et « à la bourse très large », des jades, des émeraudes, des saphirs au bleu méditerranéen, des colliers de lapis-lazuli, des cotonnades soyeuses, des centaines de bibelots divers, qui rendraient malades nos artisans tunisiens en mal d’invention ou d’imagination…De partout, c’est l’Art indien qui fleurit et qui garde sa millénaire école. En Inde, presque tout est made in India. C’est un peu l’histoire de la roue, quand il a fallu en 1930 en pleine campagne de révolution autochtone, boycotter l’industrie anglaise et ses produits, pour tout fabriquer sur place. Une roue pour filer, pour conduire, pour tout faire.

 

Une des choses qui m’a le plus marqué à Delhi, c’est que tout se fait par mains d’hommes. Point de machines pour soulever, couper, ou découper. On se mettra à quatorze s’il le faut et le travail sans machine sera tout aussi bien fait…avec plus d’art et de goût, sûrement !

       

VISITE DE LA MAISON DE NEHRU

 

            Cette fois en délégation officielle, c’est la visite de l’ancienne demeure de Nehru transformée aujourd’hui en musée. Un bureau très austère, un lit d’étudiant d’une vieille cité universitaire, un très beau jardin parc et beaucoup de photos qui racontent la lutte de l’Inde et de Nehru, le père de l’actuelle Premier Ministre Indira Gandhi et épouse de Shéroze Gandhi,        

            Quelle est donc l’histoire de ce pays sub-continent ?

 

            Le Bouddhisme arrive en Inde au Vième siècle av. J. C. suivi des civilisations et dynasties de l’Indus (du nom du fleuve), de Maurya, de Cupta et de Hursa. Vers l’an 700, c’est l’invasion arabe et perse. En l’an 1200 l’Islam est bien implanté et Delhi devient vite un sultanat ! Puis c’est le règne d’Akbar vers 1500, dont le petit fils est constructeur du mausolée de Taj Mahal à Agra…A cette même époque les Portugais prenaient l’enclave de GOA, tout comme plus tard Macao face à Hong Kong ou Timor au bas de l’Indonésie sans parler du grand Brésil.

 

            En 1799, les Anglais commencent à devenir les maîtres de ce grand pays…C’est vers 1920 que le vénéré Gandhi lance le mouvement de la non-coopération. C’est enfin le 15 août 1947 que l’Inde recouvre son indépendance !

 

PIERRE TOMBALE DE GANDHI

 

            Il s’agit de se déchausser pour enfiler des savates noires d’Air-India très souples et légères, pour aller voir de prés le marbre de Ghandi ou Gandhi ! Un immense bloc de marbre gris-noir de 10 m² avec un seul mot gravé: Oh ! Dieu, les seuls mots prononcés par le Mahatma à sa mort, quand il fut assassiné par un Hindou fanatique en 1948. Dans cette tombe il n’y a rien du tout. En bon Hindou, Gandhi a été incinéré et ses cendres jetées au vent sur le Gange sacré… Je revois cette cérémonie de crémation de Bali, où quatre heures durant, j’ai suivi le cortège funéraire jusqu’au lieu de la crémation où le corps du défunt était brûlé sur une vache en bois, en bordure d’un fleuve…C’est le début d’une autre vie. 

 

            Voyons un peu ce que cache cet hindouisme qui est la religion de plus de 80 % des Indiens: c’est une philosophie qui projette le soi individuel vers l’absolu, l’universalisme. Voyons tout cela d’un peu plus prés, pour essayer de clarifier l’Hindouisme, le Bouddhisme et tant d’autres sectes enchevêtrées et compliquées par l’arrivée en Inde des Perses et de l’Islam.

 

            Il y a 2 500 ans environ, l’Hindouisme commença à être la religion de l’Inde.

           

            Religion basée sur des castes, la transmigration de l’âme et la sainteté de la vache ! Deux grands dieux se divisaient l’Hindouisme « Siva », le destructeur et « Vichnou » le préservateur. Et voilà que l’Hindouisme se divise alors en castes, Bouddhisme, Jainisme et Sikhisme.

 

            Revenons au Bouddhisme qui, aujourd’hui, paraît au moins dans tous les magasins d’artisanat sous forme d’une centaine de Bouddha riants, pleurants, méditants ou moqueurs, avec souvent des mains reliées en geste de la roue, la roue de l’enseignement. Ce bouddhisme est venu contrecarrer la communauté « Brahmâ » qui est teintée d’un léger christianisme (contrairement à la communauté hindoue des Aryens !).

 

            Aujourd’hui, le Bouddhisme est une des plus grandes religions du monde, des Indes à Bali en Indonésie, en passant par le Japon (avec un zen en plus) et l’Indochine…

 

Un digne fils de prince vivait en Inde 500 ans av. J. C. Voilà qu’un jour, il rencontre quatre personnes qui changeront sa vie et la vie d’une partie de l’humanité. Ce fils de prince « Bouddha », « Siddhârta » ou « l’éclairé » rencontre, sur son chemin, un vieillard, un moine, un malade et un cadavre.

 

C’est le choc! Bouddha ouvre les yeux à la vie, délaisse ses larges demeures, ses femmes et ses soies pour devenir ascète. Il prêche qu’il faut oublier un peu les « avatars », la réincarnation, le vouloir vivre, pour un « Nirvana », ou une céleste béatitude, un anéantissement et fonda alors deux ordres religieux, l’un pour les hommes et un second pour les femmes.

Rapidement, le Bouddhisme évolua en deux branches :

 

1-     Le « Hinayana » ou petit véhicule, avec un certain athéisme et un enseignement unique donné par le Maître.

2-     Le « Mahayana » ou grand véhicule dont les livres sacrés sont rédigés en parfait sanscrit cette fois ! Ici la primauté est donnée aux problèmes philosophiques et à la connaissance mystique de Bouddha reconnu ainsi comme une divinité.

 

En pensant à ce Bouddha, je revois le petit Bouddha que je porte sur moi depuis plus de quinze ans avec une « Figa » du Brésil, je repense à ce géant de Bouddha japonais que j’ai vu à Kamakura, géant de bronze de plus de 10 mètres de haut et enfin je pense encore à ce Bouddha couché de Thaïlande…

 

Mais ce sont d’autres Bouddha qui m’ont marqué. C’était il y a dix ans, j’allais monter le Mékong laotien en petite barque à moteur avec des maquisards vietnamiens pour aller interviewer le Prince Souphanouvong à Louang Prapang…Après ma rencontre avec le Prince, on me proposa d’aller monter de nouveau le Mékong sur 40 kilomètres dans une barque à moteur, avec deux gardes du Prince, mitraillette en bandoulière, pour aller visiter les « Grottes de Bouddha », enfin rouvertes, après 16 ans de guerre. Là, par un coucher de soleil aux confins de Laos et de la Chine…j’ai visité ces grottes durant deux heures. Des centaines de Bouddha de pierre ou de bois doré reposaient dans d’innombrables grottes attendant que le temps passe…le temps, ce facteur inconnu en Asie… !

 

DEPART Á AGRA

 

            Il est 4 heures du matin à New Delhi, au Sheraton Hôtel !

Fini la cravate et le veston de la conférence des pays Non-Alignés. Un blue-jean et un petit sac en bandoulière cachant un précieux outil de travail, un petit coussin (!).

 

            Me voici, couché au fond du bus en chien de fusil, avec mon petit coussin et une nuit gagnée, pour voir le jour se lever 4 heures plus tard et 220 kilomètres plus loin à Agra.

 

            Le réveil est brusque ! Le choc est grand ! Je me sens enfin en Inde très loin des travaux de la conférence. Voilà que derrière ces milliers d’étalages de fortune, ces hommes en haillons, ces femmes en saris aux couleurs délavées, ces enfants à moitié nus et ces petites voitures qui doublent les centaines de vélos, qu’apparaît l’Inde, les Indes comme disaient les vieux colonisateurs anglais.

 

DANS LES RUES D’AGRA

 

            Parler de rues c’est trop dire, il s’agit vraiment de ruelles tortueuses et encombrées. L’encombrement est certain ! Des milliers de personnes qui grouillent partout, avec une démarche lente et un air un peu perdu, dans l’attente de « rien » ! Voilà qu’un « camel car » arrive, une charrette tirée par un chameau qui est certes un dromadaire blanc-gris. La charrette plate porte des dalles de marbre et de pierre taillée. Nous sommes bien au pays du marbre blanc et de la pierre coupée et taillée à la main. Il faut bien employer 700 millions d’Indiens. Laissons les machines aux autres et employons la patience et la science de nos ancêtres pour couper, découper et dessiner le marbre…

 

Une autre charrette vient nous percuter sans même nous voir. C’est un buffle d’eau, qui me rappelle ses frères de Bali ou de Bangkok. Ici, le buffle est citadin en traînant une charrette à deux roues, tout comme son grand cousin de chameau. Avec sa petite bosse sur l’épaule, il avance gaillardement dans les ruelles d’Agra.

 

Cette boutique de 3m² vend des épices (oh ! route des Indes), celle-ci des noix de cajou, des amandes et des cacahuètes, celle-là des sorbets de glace qui vous garantirons oh ! Vaillant touriste une méchante dysenterie ! Des dizaines de petits magasins, côte-à-côte présentent leurs étalages à l’éventuel acheteur désargenté qui tarde à venir.

 

Au bout de cette rue une petite construction. Un galop vers l’antiquité. Vingt hommes filiformes en haillons creusent avec un semblant de bêche un fossé. Deux femmes crasseuses qui me rappellent ces Indiens de Quito aux 15 jupes superposées et jamais lavées…maigres et légèrement vêtues d’un reste de sari, portent d’un air altier un panier concave sur la tête. Cent mètres plus loin la terre est déversée sur un petit monticule à une allure à faire frémir une tortue de jalousie ! Quand on pense que chacun de ces ouvriers est peut-être un soutien de famille…on tremble en sachant que son salaire journalier n’est que de 3 roupies par jour ou 180 millimes pour végéter dans une baraque de chaume et mâcher quelques herbes tonifiantes avec un bol de riz !

 

LE TAJ  MAHAL

 

            Quand j’ai vu Baalbek, ou les chutes d’Iguaçu (avant leur presque destruction), les chutes du Niagara, la baie d’Acapulco, les lagons de Tahiti, les statues de l’île de Pâques, le désert australien d’Adélaïde, les fontaines de Rome ou les geysers d’Islande, on m’a toujours dit que j’étais devant l’une des sept merveilles du monde…le monde à mon avis doit compter bien plus que sept merveilles…puisque nous voilà aujourd’hui encore devant une de ces sept merveilles du monde, le monument du « Taj Mahal » !

 

            Fatigué par la route et par les mille choses nouvelles déjà vues, je suis pris au dépourvu devant le Taj Mahal. Une première porte colossale rougeâtre avec des arabesques de l’ancienne perse.

 

Ce n’est qu’un début. Une fois le porche passé nous voilà au pays des Mille et une nuits, en Asie, en Extrême Orient quelque part. Imaginez une énorme forteresse de marbre blanc sculpté et incrusté de pierres précieuses et enfin garni d’arabesques géantes avec des versets de Coran de dizaine de mètres de longueur. Au début c’est un immense jardin qui commence, tout autour des fontaines qui se terminent 300 mètres plus loin au mausolée de Taj Mahal.

 

Il fallait visiter ce mausolée par pleine lune, dans quelques jours (conférence oblige !), il fallait aussi venir 200 ans plus tôt pour voir jaillir une eau parfumée de jasmin…et passer la soirée sur la pelouse à l’ombre de l’image de la bien-aimée, la défunte impératrice des Indes, l’épouse de l’empereur Shah Jehan !

 

Entre 1628 et 1658 Shah Jehan toujours amoureux fou de son épouse, fit construire par 20 000 ouvriers ce mausolée pour la disparue…

 

Arrivée au mausolée, on laisse docilement ses chaussures à l’entrée, pour continuer la visite de cette architecture mongole, en glissant sur un beau marbre blanc à perte de vue.

 

A l’entrée du mausolée, une trappe nue avec des marches …c’est le tombeau de l’empereur, qui est venu rejoindre sa favorite…une odeur d’encens et une lumière diurne font presque revivre ces morts. Plus hauts, sous l’énorme coupole, des écrans de marbre finement ciselés entourent les cénotaphes de l’empereur Shah Jehan et de sa favorite ! Cette favorite Mumtaz Mahal (favorite de la couronne) donna à Shah Jehan 14 enfants et mourut en couches du 14ième enfant à l’âge de 39 ans. C’est ainsi que fut construit le Taj Mahal (Palais de la Couronne) pour la défunte. Hélas, Shah Jehan eut un indigne fils Aurangzeb qui se révolta et exila son père au Château Rouge, face au Taj Mahal jusqu’à sa mort. Du Fort Rouge, Shah Jehan, passa sa vie derrière un fenêtre à « regarder » le Taj Mahal…pour finir dans le caveau, de sa bien-aimée ! En remontant du caveau, de nouveau deux tombeaux. Une réplique pour les visiteurs qui ne doivent pas déranger les morts.

 

LE FORT D’AGRA

 

Un essaim d’enfants aux yeux brillants et de vieux squelettiques aux yeux délavés me prennent d’assaut. Il s’agit d’acheter et vite. 100 roupies et cette boîte en marbre vert incrustée de pierres précieuses. A 50 roupies, cette boîte termine sa course au fond de mon sac…Ce tout jeune enfant fait mouvoir ce prisme métallique dans tous les sens…des dizaines de fils jaunes reliés par des perles, prennent sous les doigts de l’enfant de dizaines de formes différentes…une vraie magie qui ne coûte que 2 roupies et une dizaine d’heures de travail et des siècles d’imagination indienne.

 

Nous sommes bien au pays du système D, où l’homme est artiste jusqu’au bout des ongles, où l’artisanat du pays présente plus de 100 000 articles différents, ou l’Indien sait tout faire de sa fine main. Il a le temps, la patience et l’art… Une des choses qui me fera le plus rêver de l’Inde, c’est cet art qu’ils ont en eux, de savoir créer tant de belles et admirables choses, du beau tapis en soie, qui change de couleur avec l’angle de vision, à la belle tête de Bouddha taillée dans un bloc de jade de 3 kilogrammes…

 

Les occidentaux perdraient vite la tête dans ce pays de mille et un bijoux et bibelots. Le tout est made in India et est d’une très grande valeur artistique.

 

Nous voilà gravissant les marches de ce fort vers la terrasse extérieure. Je suis pris par ces minuscules écureuils qui sautent de partout, dans cette chaleur de midi. Ce fort est construit de grosses dalles rouges, taillées et transportées par l’homme sans aucune machine. Et je revois Cuzco, au Pérou, avec son Fort de grosses pierres taillées. Ici, c’est la couleur rouge qui domine, tout comme le « Red Fort » de New Delhi. Sur une esplanade de pierre et de marbre un trône d’empereur semble attendre son maître. Quatre mètres carrées de beau marbre blanc incrusté de pierres précieuses où trône un empereur qui attend le défilé de ses fidèles venus lui demander justice. Yani, mon jeune guide me pousse vers les dizaines de colonnes de marbre rouge de cette salle du trône…Tout a été construit de sorte qu’il est toujours possible de voir de partout l’empereur. Aucune colonne ne cache le visage de sa Majesté. !

 

Plus haut, sur le rempart du Fort, c’est le fleuve Jamna qui traverse l’ancienne Uttar Pradesh ou actuelle Agra riche de 600 000 habitants, pardon de 600 000 artistes qui continuent à préserver l’art mongole à travers les siècles. Au loin, un troupeau de buffles traverse le lit à moitié asséché du fleuve. Un troupeau qui avance lentement, qui se contente de cette eau et qui, par ce soleil ardent, rend le paysage millénaire et invraisemblable, plein de grâce et de beauté. Ici, tout a une signification, tout a une beauté, une vibration.

 

 

 

 

Par Rached Trimèche

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